Martine Damas
Patiemment, par de fines accumulations, la peinture de Martine Damas prend corps. Dans le travail de l’artiste, la couleur est la forme même de l’objet. Véritable morceau de peinture, elle se déploie dans le volume, s’affranchit du support et créé un espace qui lui est propre.
— La peinture n’est pas soumise au plan du tableau, c’est cette intuition première qui a guidé tout le travail de Martine Damas. Laissée libre, la peinture se dresse d’elle-même, sans appui pour prendre forme, sans qu’aucun plan ne la conduise. Ici, le contenant en est aussi le contenu, la peinture, pleinement l’objet de la peinture, libérée des questions d’image, de composition et d’expression. La peinture n’est plus support à autre chose qu’à sa propre présence, simplement manifestée par une alternance de bandes, parfois deux parfois trois, rarement plus.
Ainsi travaillées dans un contraste simultané entre le plein et le vide la circulation de la lumière prend une dimension inédite. Ces formes, Martine Damas les choisit simples. Ce sont des creux ovoïdes, légèrement asymétriques, des formes élémentaires évoquant un mouvement circulaire ascendant. Ici les aplats s’enroulent et se courbent, donnant une légère instabilité aux objets qui semblent toujours être sur le point de perdre équilibre. Cette dynamique est contenue dans le geste de l’artiste, un geste calme mais animé d’un élan qui en fait un envol.
Le regard y circule apaisé par l’aisance et le plaisir des contours, des rondeurs et des lignes ; ainsi pris il peut se laisser longuement porter. Il y a une forme d’épure dans cette relation que permet l’œuvre de Martine Damas, un dépouillement qui n’a rien d’austère ni de strict, mais au contraire, une forme de lâcher prise, un souffle profond qui dépasse largement les questionnements d’ordre théorique soulevés par ses œuvres. Ces bols sont propre à accueillir nos médiations, à les recueillir dans la quiétude et la légèreté.
Texte de Benoît Blanchard