La sculpture d’Aurélien Imbert est une sculpture de la discrétion. À la frontière du meuble et de l’objet de contemplation, ses réalisations ont pour principe de se fondre dans un usage quotidien. Ce n’est d’ailleurs, véritablement, que dans le temps que se révèle la pleine présence de ses réalisations.
Sculpteur d’assemblage, il associe métal, néons, l’entremêlé de bois et plâtre pour produire des objets hybrides, souvent compacts, concentrés. Comme si la sculpture était en train de digérer le meuble, ou inversement. L’un et l’autre sont intimement imbriqués, liés par le goût du détail et de la finition. Ce sentiment est redoublé par l’usage que fait l’artiste de la couleur ; les teintes de bois, polis, vernis ou peint ne sont presque jamais opposées, mais comme emboîtées, délimitant des espaces à l’intérieur d’autres espaces renforcés par l’apparition de glacis.
En équilibre entre les demandes extérieur et l’autonomie de l’œuvre, Aurélien Imbert intervient à la sollicitation de commanditaires. Ce faisant, il répond aux demandes en en créant de nouvelles. C’est un travail qui répond et prend position dans le quotidien des personnes qui vivent avec ses pièces. Mais si l’usage contraint, la contrainte donne forme. La générosité d’Aurélien Imbert se situe justement dans cette capacité à donner plus qu’un usage et une forme ; il donne, à l’intersection de l’un et de l’autre, les moyens de dépasser ce rapport pour laisser la place à une part de mystère et d’à venir.
Cette part de mystère est insérée au cœur de la fonctionnalité de ses sculptures. Le soin qu’il met à faire graver et polir les boulons et rondelles qu’il utilise en est un indice. Indice, encore, sa façon de repeindre les étais de chantier qu’il associe aux néons pour créer les luminaires devenus signature de son travail. Mais c’est dans la présence de plâtres — véritables sculptures à l’intérieur de la sculpture — qu’Aurélien Imbert incorpore dans ses éléments de mobilier que se joue la part d’étrange familiarité propre à modifier nos quotidiens.
Texte de Benoît Blanchard