Christophe Cuzin
Christophe Cuzin est un arpenteur d’espace, un artiste de la présence et de la discrétion. La discrétion car l’artiste à l’élégance de ne pas ajouter d’objet à la masse des objets que nous produisons et qui nous encombrent depuis la nuit des temps. La présence, en ce que toute son œuvre est affaire de relever ce que tout le monde voit mais que personne ne regarde ; non pas les petits détails du quotidien, les bibelots et les gens, mais les lieux où ils existent.
L’espace, l’architecture, les surfaces du sol au plafond, en passant par l’extérieur, le toit, la porte d’entrée, les fenêtres et la lumière du soleil qu’elles laissent passer, leurs reflets sur les dallages, le parallélisme des marches d’escalier, les murs, toutes les formes de murs, pauvres gruyères, octogonaux à vu d’œil, qui se révèlent toujours plus subtils que prévu… Christophe Cuzin les voit et les regarde.
Il travail par protocoles in situ, à chaque fois renouvelés. Le point de départ est toujours extrêmement ténu : il y a un lieu, une forme donnée. À partir de là il s’applique à créer une caisse de résonance visuelle dont les possibilités de déploiement épousent la nature de l’architecture. Il ne la modifie pas. Tout au plus, parfois, ses interventions répètent l’architecture, comme pour créer un écho, une projection de celle-ci dans l’appréhension de l’observateur.
Pour Christophe Cuzin la subjectivité n’est jamais inamovible. La couleur qui est son outil autant que sa marge de liberté, est une affaire de mémoire, un peu sentimentale et romantique. Elle fait signe à celui qui observe, mais jamais totalement de la même manière d’une personne à l’autre. C’est pour cela que l’artiste les choisit franches et sans modulation, afin qu’elles interpellent et se donnent pleinement à celui qui les découvre.
Par ce sursaut coloré, l’œuvre donne le sentiment que l’on vient de trébucher sur quelque chose. Et cette chose n’est rien d’autre que l’espace lui-même, l’espace qui trouve sa plénitude.