Sébastien Dartout
D’une certaine manière Sébastien Dartout est venu à l’art par la fréquentation de la bibliothèque de l’université où il fit des études de géographie. Ses peintures en conservent une familiarité avec le silence, un goût pour le papier millimétré et l’exploration des espaces.
L’artiste y trace des équilibres faits de peu de chose : peinture blanche, plis, zones peintes et repeintes, signes semblables à des lettrages maçonnés en frise qui, de près, ressemblent à d’antiques bas-reliefs vidés de leur contenu narratif par l’action combinée d’une main iconoclaste et de l’érosion.
Le travail de Sébastien Dartout s’enracine dans une expérience du monde ; une expérience qui lui est propre et qu’il n’est pas important de divulguer, ce qui importe en revanche c’est de souligner que rien n’est gratuit dans son œuvre, en ce qu’elle rend visible est une réalité, qui nous parvient polie par des années et des années de fréquentation : à l’image de ces galets blancs porteurs d’une rayure, d’un point, d’un signe, que l’on trouve sur la grève après avoir été longuement roulés sous la houle et façonnés par des temps sans comptabilité.
Or, même dans le plus ténu des signes demeure une esthétique de la communication et, à chaque fois, à la racine de celui-ci, une efficacité. La question que n’importe quel observateur peut se poser est : que dit ce signe ? de quoi est-il la marque ? de quoi est-il l’objet ? Tour à tour l’esprit songe : typographie hospitalière, banderoles, signalisation… mais aussi stades de foot, piste de ski, design moderne et minimaliste. On ne sait s’il faut s’inquiéter ou encore chercher.
Il est notable que la monumentalité de ces travaux soit le plus souvent portée par des formats de poche. L’intense tension horizontale de ces peintures, que l’on reçoit comme si elles étaient d’immenses façades, voyage dans une valise à cabine. Tout un monde à portée de main, à déchiffrer, à transmettre, à garder près de soi.
Texte de Benoît Blanchard